Pratiques et discours
L'introduction de nouveaux moyens mathématiques pour l'enseignement primaire (degrés 1-4) a fait l'objet d'une étude longitudinale qui s'intéressait aux pratiques des enseignants et aux attitudes développées envers l'innovation. L'observation menée dans des classes de Suisse romande a porté sur le contenu des activités, l'organisation générale de la classe et le déroulement didactique de leçons de mathématiques. Ces trois dimensions, abordées dans une perspective d'évolution, montrent que les pratiques enseignantes se transforment en fonction du degré d'enseignement, et que la familiarisation directe et indirecte aux moyens mis à disposition joue un certain rôle dans les régulations que les maîtres introduisent dans le déroulement didactique de la leçon. Les propos que les enseignants tiennent dans les réponses aux questionnaires et dans les entretiens montrent également une évolution. La familiarisation directe constituée par la mise en pratique des activités dans la classe résout, par le biais de diverses régulations quelques inquiétudes et permet de lever certaines difficultés initiales.
Parallèlement à cette transformation des gestes professionnels, le socioconstructivisme et les aspects de la théorie didactique constituant l'assise de la nouvelle méthodologie sont reconnus et progressivement intégrés dans les propos des enseignants. La confrontation des différentes données indique que la description des pratiques par leurs acteurs est proche des observations qui ont été menées ; elle constitue souvent une explication à l'organisation générale du travail en classe et à la planification des activités. Inversement, l'observation riche d'informations permet à son tour de nuancer les propos des enseignants.